En septembre, mois des Journées européennes du patrimoine,
il semblait évident de vous décrire un peu plus le patrimoine du site de Meneham.
Le patrimoine architectural du village
« L’authentique village de Ménez Ham, est installé sur une pointe rocheuse, au pied d’un énorme chaos granitique qui le protège de la mer et des vents d’Ouest.”
Au-delà de son emplacement unique, dans un cadre idyllique ou chaotique, le patrimoine architectural du village l’est également, unique et typiquement local.
Nous allons voir les spécificités de chaque bâtiment et leur évolution.
La maison du corps de garde
Cette maison est semble-t-il la première construction du hameau. C’était en effet un poste de guet construit fin du 17e siècle, qui appartenait au système de défense côtière de Vauban.
Édifiée entre deux énormes rochers, constituée d’une seule pièce et éclairée par deux petites fenêtres de taille inégale et son toit en granit, en font une modeste et sommaire maison.
On y trouve également des postes d’observation et de mitrailleuse.
La « Maison Boédoc »
Cette maison juste en dessous du rocher du corps de garde, a été édifiée à la fin du XIXè siècle. Elle est donc la plus récente du village.
C’est aujourd’hui là où se trouve l’accueil du site avec une boutique de produits locaux, de la documentation touristique et une salle d’exposition.
Nous l’appelons la Maison de territoire.
La caserne
En dessous, se trouve un long édifice qui comprenait 6 logements occupés tout d’abord par l’armée, puis par les douaniers de 1817 à 1835. Par la suite les logements furent loués aux habitants connus du village : les paysans-pêcheurs-goémoniers jusqu’en 1978.
La façade de l’édifice fait 40m de long ! Des petites constructions s’y ajoutent, servant de remises ou l’une de four à pain.
C’est dans ce bâtiment que se trouve maintenant, les ateliers d’artisans ainsi que la première pièce au bout qui informe de tout l’historique chronologique du site.
Les maisons à avancées
Encore en dessous, on peut distinguer les maisons à avancées. Ces maisons ont une architecture particulière, de par leur avancée – sorte de décrochement en forme de rectangle en façade.
Bien que exiguës, l’avancée rendait l’espace intérieur plus vaste, celle-ci était alors prévue pour y loger la table.
Une des maisons était recouverte d’un toit de chaume et l’autre en ardoise. On y trouve devant le premier four à pain du village
Aussi, les familles qui y vivaient étaient un peu plus aisées car elles exploitaient les terres du fond du village moins sableuses, plus riches et donc au rendement plus élevé.
Ces maisons ont été transformées en gîte d’étape en juillet 2007 : le Gîte de Meneham.
La « Maison Salou »
De l’autre côté du chemin traversant le village, nous apercevons la maison “Salou”. Datant de 1833, elle a su garder son caractère original. Il s’agit de la dernière maison à avoir été habitée.
Elle possède un puits, le seul du village en forme de demi-cloche typique du Pays Pagan. La maison est flanquée de deux remises et d’un lochenn qui est un abri sommaire souvent fabriqué à partir d’une vieille coque de bateau que l’on retournait et mettait sur cale et sur laquelle on jetait les vieux filets. Cet abri était idéal pour faire sécher les casiers et le matériel de pêche.
Voici une petite description d’un plan de maison, par Marie Guillerm / Kerbrat : « Le mur nord, généralement aveugle, était réservé aux lits clos et aux armoires. Les cheminées étaient toujours, en pignon, d’un côté ou de l’autre de la maison. Les portes regardaient vers le sud, côté terre. Elles étaient flanquées d’une fenêtre et parfois d’une autre petite ouverture de la taille d’une grande vitre. »
Aujourd’hui, ce sont trois maisons qui composent un espace muséographique.
La fameuse « chaumière »
Enfin, au-dessus des maisons Salou, se trouve la fameuse chaumière du village qui était une habitation comprenant deux logements, prolongés par des étables et des soues à cochon. Le logement en meilleur état a abrité le bistrot, puis nommé l’auberge qui a fonctionné de 1936 à 1973.
Aujourd’hui, le “Bistrot des Légendes” a repris le service pour proposer une offre de restauration aux visiteurs.
L’évolution des bâtisses de Meneham après 1975
À son apogée, le village dénombrait 14 maisons occupées par 80 personnes puis dans les années 1950, une cinquantaine de personnes vivait encore là. Les habitants n’étaient cependant que locataires. Vers 1900, la propriétaire est une certaine Madame Bert demeurant à Nantes, elle décide de vendre le village en 1936 en donnant la priorité aux habitants. Par un malheureux concours de circonstance, le hameau change de propriétaire en 1955.
Et en 1975, le site de Meneham est classé aux “Monuments historiques”. L’auberge ferme deux ans plus tard, et les habitants désertent petit à petit le site ne pouvant plus entretenir les bâtiments comme stipulé.
Les bâtiments, ainsi délaissés, tombent peu à peu en ruine et le dernier habitant quitte le village en 2001.
Il est alors racheté en partie par la commune de Kerlouan et le Conseil Général du Finistère (les dunes). L’objectif principal est alors de restaurer le village à l’identique en respectant l’architecture existante et les matériaux d’origine. Le projet est réellement lancé en 2002 et la restauration commence en novembre 2004 pour s’achever en juin 2009.
- © Tourisme Côte des Légendes
- © Inventaire général, ADAGP
- © Valery Joncheray
Maintenant géré par la Communauté de Communes Lesneven-Côte des Légendes, Meneham est animé par de nombreuses associations et tous les professionnels qui le font vivre : Tourisme Côte des Légendes pour l’ouverture et l’accueil du site, les artisans, Françoise Lyvinec du Gîte de Meneham et le Bistrot des Légendes.
Sources :
- https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA29001170
- https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA29001172?listResPage=3&ou=%5B%22Kerlouan%22%5D&resPage=3&last_view=%22list%22&idQuery=%221d25564-445-d2ba-26f-c3ce46c14f60%22
- Guide du patrimoine architectural, naturel et économique de Kerlouan – Gwel’ta
- Revue n°13/45 ArMen La Bretagne, un monde à découvrir, article « Menez-Ham, village du Pays Pagan
- le livre de Marie Guillerm / Kerbrat, « Meneham, berceau de mon enfance. De 1846 à 1996 ». Disponible en boutique à la Maison de territoire du site de Meneham